Nadine HAFIDOU
Dans le cadre de la
journée internationale des droits des femmes, ce lundi 8 Mars, la CCI Mayotte vous fait (re)découvrir ses élues femmes, afin de promouvoir et célébrer les parcours d’excellence de femmes mahoraises.
Ces portraits ont pour but d’inspirer et encourager les femmes de notre île à oser se lancer dans leurs projets. La jeunesse mahoraise a plus que jamais besoin de rôles modèles forts, cette journée est donc l’occasion de revenir sur le parcours de femmes d’exception telles que
Nadine HAFIDOU, Co-gérante DELTAH et Secrétaire CCI Mayotte, Présidente SASU Technopole, Vice-Présidente ACCIOM, Vice-Présidente CESEM.
Parlez-nous de votre parcours entrepreneurial et/ou professionnel ?
Titulaire d’un diplôme d’ingénieur ETP depuis 1999, j’ai démarré ma carrière professionnelle à Paris au sein de plusieurs cabinets d’ingénierie. En 2006, j’ai été recrutée par le Conseil Départemental de Mayotte et y ai occupé le poste de Directrice de la Maîtrise d’Ouvrage. Très rapidement, j’ai pris la décision de créer mon entreprise Deltah, spécialisée dans l’assistance à maîtrise d’ouvrage. Cela fait désormais 12 ans que mon associée Farrah Hafidou et moi-même gérons cette structure. Nous avons actuellement 5 salariés et nous manageons une trentaine d’opérations d’aménagements urbains et de construction / réhabilitation d’équipements publics et bâtiments divers.
Quels obstacles avez-vous réussi à surmonter ?
Mon domaine d’activité est un domaine très masculin. Au cours de mes premières années d’activités professionnelles, il a fallu que je travaille plus que mes collègues masculins afin que je maîtrise parfaitement les termes techniques, les méthodes de construction, etc. Une fois ces éléments maîtrisés, cela m’a permis de m’affirmer sur les chantiers face aux différents interlocuteurs.
Quelle est votre plus grande fierté ?
Ma plus grande fierté est la réussite de notre activité et la réputation que nous avons réussi à nous faire dans le monde de la construction et de l’aménagement à Mayotte. Au bout de 12 années, nous avons atteint une belle stabilité et nous avons de nombreuses perspectives d’évolution. L’entreprenariat a toujours été un objectif depuis mon plus jeune âge et je suis fière de l’avoir atteint avec brio.
Selon vous, quelle est la place de la femme dans la société mahoraise ?
Au sein d’une société matriarcale comme celle de Mayotte, la femme a évidemment une place prépondérante. De manière tout à fait naturelle, la femme mahoraise a la capacité de gérer son foyer, et ce avec aisance, tout occupant des postes de responsabilité dans le monde professionnel.
Ce que je regrette en revanche, c’est que la femme n’est pas réussie à prendre la place qui lui revient dans la sphère politique mahoraise.
Constatez-vous une évolution, notamment dans le milieu professionnel ?
En tant que chef d’entreprise, je ressens une réelle satisfaction lorsque je vois les chiffres en termes de création et développement d’entreprises. En effet, il ressort que plus de la moitié des créateurs d’entreprises sont des femmes, les entreprises qui durent sont gérées par des femmes. Les femmes n’ont pas d’appréhension à l’idée de créer une entreprise. Elles y voient même une opportunité d’autonomie. Alors, oui je constate une évolution car les femmes sont encore plus nombreuses à se lancer dans des projets de plus en plus ambitieux, elles continuent à commercer et voyager vers des destinations encore plus lointaines et leurs affaires se développent.
Quels conseils pourriez-vous donner aux femmes qui souhaitent entreprendre ou réussir leur carrière professionnelle ?
Je leur conseille d’oser se lancer et de croire en leur projet. Pour ma part, se lancer dans l’entrepreneuriat a été un moyen de m’épanouir. En tant que chef d’entreprise, nous maîtrisons mieux nos emplois du temps, nous sommes autonomes et surtout nous sommes notre propre patron. Les responsabilités d’un chef d’entreprise sont certes lourdes mais la joie ressentie à chaque réussite n’a aucune commune mesure.
Quelles sont les femmes qui vous ont inspirées et pourquoi ?
La première femme à laquelle je pense en lisant cette question est ma mère, Mme Haloua Haribou. Comme de nombreux mahorais de sa génération, elle est issue d’une famille très modeste et n’a pas pu aller très loin dans ses études. Elle a la fierté d’avoir élevé 4 enfants qui ont tous atteints de hauts niveaux de responsabilité. Elle est maintenant chef d’entreprise (Traiteur Haribou / restaurant La Croisette) et gère une entreprise de plus de 10 salariés. Je lui dois tout. Elle m’a appris à être courageuse, déterminée et exigeante avec moi-même. C’est grâce à elle que j’en suis arrivée là aujourd’hui et je lui en serai éternellement reconnaissante.